Histoire

ETEL, naissance d'une commune

Benjamin GIRARD écrivait en 1889 dans son livre "La Bretagne maritime" que " Pendant longtemps Étel est resté une section de la commune d'Erdeven. Le bras de mer formant son port a été la cause de sa prospérité, qui a amené, il y a quelques années, son érection en commune. Le port d'Étel, où une station de canot de sauvetage a été créée en 1867, est situé sur la rive gauche de la rivière de ce nom, à un mille et demi environ de son embouchure dans l'Océan. Cette rivière, dont l'embouchure se fait au milieu des dunes de sables, a un cours très irrégulier : en amont du port, elle forme de nombreuses anses qui reçoivent et jettent les eaux de la mer, amenées par le jeu des marées ; l'entrée est fermée par une barre de sable qui émerge à basse mer et laisse, à l'est et à l'ouest, deux passes présentant souvent de grandes difficultés aux bateaux voulant pénétrer en rivière. Cette barre est mobile et se déplace suivant la direction des vents et des lames ; en hiver, elle est habituellement infranchissable. Le sémaphore, placé à l'embouchure de la rivière, signale aux navires l'état de la barre et indique si elle est praticable ou non. Une fois la barre franchie, le port présente un abri excellent ; il a 200 mètres de largeur ; le débarquement y est facilité par un mur de quai placé le long du chenal, et par une cale. " 
La commune d'Étel est située sur la rive gauche de la rivière du même nom. Elle est limitée au nord par l'étang du Sac'h et la commune de Belz, à l'est et au sud par la commune d'Erdeven. Étel est une commune de faible superficie, seulement 175 hectares, fortement urbanisée. Son bourg primitif est situé sur une sorte de promontoire, avec comme point haut l'emplacement actuel du château d'eau au carrefour des rues Leclerc, Traversière et V. Hugo.

De la prospérité de la pêche au déclin

Après de multiples crises sardinières entre 1902 et 1910 , Étel se reconvertit dans la pêche au thon pratiquée à bord des dundee. De nombreuses usines vont alors s'implanter sur la commune et remplacer peu à peu les presses à sardines. Rodel, Amieux, Lorcy et Le Bayon feront les grandes heures de la conserverie. Pour les alimenter en poisson frais, ce sont quelques 1000 marins qui embarquent sur les 138 dundees dénombrés dans la rivière d'Étel en 1938. Alors, pour assurer un approvisionnement suffisant en glace et assurer la conservation du poisson dans les cales, Étel fut retenue, parmi trois autres candidats, pour construire une glacière. La glacière municipale fut inaugurée le 27 juillet 1939.
Le quartier maritime d'Étel (lettres EL) est créé en 1947, auparavant les bateaux étaient immatriculés dans le quartier maritime d'Auray (Lettre A). Les premières années qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont les plus florissantes pour le port d'Étel, l'apogée se situant vers 1963-1964. On dénombre alors environ 1 650 marins-pêcheurs, le port compte quatre-vingt-six bateaux de pêche (soixante-huit chalutiers, cinq sardiniers, sept thoniers) et cinq conserveries sont recensées. Au début des années 1960, Étel est encore le 4e port français pour la pêche fraîche avec plus de 20 000 tonnes de poisson débarquées chaque année. Le déclin du port est lié à ses difficultés d'accès (en raison de la barre d'Étel et du fait qu'il s'agit d'un port à marées, les bateaux ne pouvant entrer ou sortir que lorsque la mer est haute en raison de l'ensablement) et à l'insuffisance de ses équipements (seulement 250 mètres de quais véritablement utilisables) et surtout de son mareyage, handicapé par l'insuffisance de liaisons terrestres : aucune route nationale et aucune voie ferrée ne desservent le port. La dernière conserverie d'Étel (Le Bayon), ouverte en 1921, ferme en 1997.

La station de sauvetage

La station d'Étel a été créée en 1866, l'année suivant la fondation de la société centrale de sauvetage des naufragés par l'impératrice Eugénie. 
Le premier édifice sera construit au nord du bassin d'échouage et sa cale de lancement allongée en 1894. Il sera détruit et remplacé par un deuxième en 1939, qui cèdera à son tour sa place au bâtiment actuel en 1962.

"Construit en béton armé, le bâtiment quadrangulaire répond aux caractéristiques stylistiques des années 1960 et conserve un système de mise à l'eau du canot dit "par gravité", à l'aide de deux bossoirs. Cette machinerie est unique en France, les deux autres stations de ce genre étant inopérantes depuis quelques années. Il abrite le canot baptisé "le Patron Emile Daniel", construit en 1962, dernier insubmersible de ce type encore existant" (© Monuments historiques). 

L'abri du canot de sauvetage est inscrit au titre des monuments historiques par l'arrêté du 8 août 2008. Du fait de son époque de construction, il bénéficie, en même temps, du label « Patrimoine du XXe siècle ».
La station a accueilli au fil du temps les canots suivants :

  • La Seyne (1867 - 1889)
  • Prosper Gicquel (1889 - 1913)
  • Papa Poydenot (1913 - 1939)
  • Vice-Amiral Shwerer (1939 - 1958)
  • Vice-Amiral Shwerer II (mai - octobre 1958)
  • Patron Émile Daniel (1962 - 2003)
  • Champlain (2004-2013)
  • Nohic (depuis 2013)

Une vie émaillée de drames

De nombreux drames jalonnent la vie maritime d'Étel: 

  • la tempête de 1930 emportera avec elle 72 hommes répartis sur 10 navires, et laissera dans la commune de nombreux veuves et orphelins.

  • le drame Bombard : afin de tester un nouveau type de canot de sauvetage, Alain Bombard, en compagnie de six volontaires, tente le 3 octobre 1958 de franchir à bord d'un canot de survie de sa conception la barre d'Étel. Malheureusement, le canot se retourne, suivi peu après par le retournement du Vice Amiral Schwerer II, le bateau de sauvetage présent sur zone afin d'assurer la sécurité. Le bilan est lourd : neuf morts dont quatre parmi les occupants du canot de survie et cinq parmi les marins sauveteurs de la station d'Étel.

  • En janvier 1960, le chalutier en bois "La Souriante" est à son tour victime de la barre d'Étel en s'échouant sur le banc de sable. Un hélicoptère venu secourir l'équipage s'abîme en mer (l'accident fait deux morts).

Quand le train passait à Étel

La construction d'une ligne de tramway assurant la liaison de La Trinité-sur-Mer à Etel reçu un avis favorable en 1899. La Société Anonyme du Tramway de La Trinité-sur-Mer à Étel obtint une concession de cinquante ans pour la construction et l'exploitation de la ligne qui ouvrit en 1901. Ce tramway, qui pour les étellois était baptisé "le P'tit Train", était avant tout utilisé par les pêcheurs pour le transport des poissons ou de la glace. Parallèlement, en raison du développement du tourisme, on pouvait également rencontrer à bord de ses wagons quelques particuliers désireux de se rendre dans la station balnéaire de Carnac. 
Son exploitation fut suspendue dès le 2 septembre 1914 en raison d'un arrêté de réquisition pris par le ministre de la Guerre : le matériel roulant est embarqué et une partie des installations démontées. La ligne ne sera reconstruite qu'à partir d'octobre 1921 et transformée en ligne de chemin de fer à voie étroite dont l'exploitation commence en 1922. La ligne avait une longueur d'un peu plus de vingt kilomètres, mais resta constamment déficitaire en raison de la faiblesse du trafic. Elle ferma dès le 13 novembre 1935 en dépit du transfert en 1934 de l'exploitation aux Chemins de fer du Morbihan, car elle fut concurrencée à partir de 1933 par un transporteur routier d'Étel.

Le CROSS.A

Le CROSS Étel (Golfe de Gascogne) et le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la pointe de Penmarc'h à la frontière franco-espagnole, coordonnant l'action de quarante-deux stations de sauvetage de la SNSM de la côte Atlantique, des moyens aériens de la Marine nationale, de l'Armée de l'air, de la Gendarmerie nationale et de la Sécurité civile ; le CROSS Étel coordonne chaque année trois mille opérations de sauvetage et d'assistance.

Le musée des thoniers d'Étel témoigne d'un port de pêche jadis prospère et vous permettra de vous plonger dans ce glorieux passé dont la commune conserve et valorise les vestiges: Glacière municipale, Criée, Abri du Canot de sauvetage...

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